Ne pas avoir d'emploi, à des moments ça peut être vraiment cool.
Mais c'est vrai que si c'est bien de traîner au lit, de lire des bouquins pendant des heures, de dessiner et d'avoir des repas à heures variables... on est quand même un peu seul, car les gens normaux ils travaillent de 9h à 18h, voire plusquand tu es étudiante en informatique, architectes exploités, ou juriste énervée...
Mais être seule, et avoir du temps en journée, c'est bien ! Tu vas faire du shopping, seule, tu vas voir une expo, seule, tu te promènes dans Paris, les rues sont désertes et tu peux manger ton jambon-beurre au jardin des Tuileries en mettant des miettes sur ton manteau, personne n'y trouvera à redire.
Et après un long séjour en Chine, quand la foule fait partie de ta vie avec son bruit et ses regards, quand l'Autre s'immisce en permanence dans ton périmètre de confort personnel avec une réalité dérangeante ; être seule, dans des rues vides et silencieuses, parcourues par un vent glacial, ça n'a pas de prix.
Donc tu profites, parce que tu penses que quand tu auras un travail, tu pourras plus, tu n'auras plus le temps, tu ne feras plus rien. Mais en fait, c'est l'inverse qui se passe.
Être seule, sans emploi du temps, sans objectif réel et obligatoire dans la journée, plonge parfois dans une léthargie difficilement surmontable, et descendre à Franprix chercher un rouleau de sopalin relève du défit ET de LA sortie de la journée, car elle nécessite d'ôter son pyjama pour porter un truc décent.
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Je note d'ailleurs, qu'au Royaume-Uni comme en Chine, les gens descendent faire leurs menues courses en pyjama ou en survêtements monochromes fluos sans honte ni atteinte à la décence... enfiler un jean et des bottes doit être une spécificité française. |
Par contre, travailler plonge dans une frénésie et une course dynamique au “je-veux-faire-quelque-chose-de-ma-vie-autre-qu'avoir-le-cul-sur-une-chaise” qui révèle le meilleur en chacun de nous. Certains athlètes, comme moi, peuvent se lever à 7h pour réviser leur Chinois, aller bosser, se promener pendant la pause-déjeuner pour aller à la Fnac ou la piscine locale, re-bosser, aller visiter une galerie d'art ou assister à une conférence, enchaîner un cinéma, une bière, finir dans un traquenard à la tequila et finir par scotcher devant un documentaire sur les baleines, dans la même journée.
Satisfaction.
Cette moi-travailleuse va maudire la moi-léthargique qui occupait ses journées sans fin assise sur un banc publique à décrypter le langage des pigeons, ou postée à sa fenêtre à regarder les gens passer en inventant un prénom, un travail et une vie à chacun.
Douceur de ne rien faire.
En conclusion, le chômage c'est sympa, mais vivement que je trouve un boulot pour retrouver (non pas le TEMPS mais...) la volonté de remplir mes journées.
A méditer.